● Quel est votre premier souvenir avec le monde du polar ?
Je devais avoir 13 ans, un livre de Mary Higgins Clark dont j’ai oublié le titre.
● D’où vous est venue l’envie d’écrire des « Thrillers » ?
Tardivement. J’ai d’abord commencé par des nouvelles. Puis, suite à une mauvaise lecture d’un auteur dont je tairai le nom, je me suis lancé le défi (puisque je me permettais de critiquer cet auteur) d’écrire un thriller. J’ai alors adoré le fait de perdre le lecteur dans les méandres d’une énigme, le balader de questionnement en questionnement, lui faire « peur ». Écrire un thriller est une gymnastique intellectuelle : il faut perdre le lecteur tout en le dirigeant, morceler les révélations, structurer le récit pour que le suspens avance crescendo… C’est excitant et vivifiant d’être le « maître de jeu » comme dans ces jeux de rôles que je pratiquais enfant.
● Comment vous est venue l’idée de l’intrigue pour votre roman « Les chiens de Détroit » ?
Imaginez que vous receviez une carte postale. Sur cette carte postale, une image, un décor d’où ressortent des sensations et de ces sensations des personnages. C’est ainsi que naissent mes romans. Par une image. Furtive ou insistante, elle s’impose à moi et me livre la base du roman. Ensuite, je me laisse porter par l’écriture.
● Parlez-nous un peu de vos personnages, comment Stan, Sarah et le Géant de brume ont-ils pris forme ?
Tous les trois étaient présents sur cette carte postale. Leurs traits étaient grossiers, flous, mais ils furent les premières certitudes, tout comme cette maison présente sur la couverte du livre. À partir de là, je les ai « vécus », je me suis mis dans leur peau, avec mon propre vécu, avec ma sensibilité, avec mes envies. Puis, à un certain moment de l’écriture, je les ai laissés se promener seuls dans Détroit, ils se sont mis à écrire leur propre existence. C’est la magie de l’écriture, le sentiment de devenir un instant le témoin de l’histoire et non plus le créateur.
● Vous avez merveilleusement bien décrit la ville de Détroit, vous êtes-vous rendu sur place ?
J’y suis passé il y a très longtemps, mais pas suffisamment pour me nourrir de ces souvenirs. Ce qui m’a le plus inspiré ce sont les images. Ces maisons vides, ces rues dévastées… Je me suis alors promené dans la nostalgie de ces endroits, j’ai touché le bitume meurtri, j’ai écouté le silence d’une maison abandonnée…
● Êtes-vous un grand lecteur et si oui qui vous a inspiré ?
Lire est une nécessité. Si je me couche sans avoir lu une seule ligne, je me sens sale, physiquement. C’est une sensation étrange, mais que je ne voudrais perdre à aucun prix. Mes inspirations sont diverses, très peu de polars, mais elles peuvent tout aussi bien provenir de la poésie, du théâtre ou du roman. L’étranger est le livre que j’emporterais sur une île déserte. Et, en deuxième choix, le siècle des intellectuels de Michel Winock. Bukowski et la bible également…
● Quel sera votre mot de fin à cet entretien ?
Merci à vous, tout d’abord. Merci aux lecteurs et aux lectrices de me permettre de vivre mon rêve, celui d’un gosse de neuf ans qui, pour Noël, avait demandé une machine à écrire pour taper une histoire comme dans les vrais livres. Merci à Caroline Lépée d’avoir répondu à un mail que j’avais envoyé simplement pour aller au bout du processus d’écriture (et sous la pression de mes amis).
Donc, sans hésitation, le mot final est celui-ci : MERCI !
Lien vers ma chronique Les chiens de Détroit
Je tiens à remercier Jérôme Loubry d’avoir pris le temps de répondre aux questions de la Caverne du Polar. J’espère vous avoir permis de découvrir un peu plus cet auteur très talentueux et très sympathique.
Biographie de Jérôme Loubry
Jérôme Loubry est né en 1976 à Saint-Amand-Montrond. Il a d’abord travaillé à l’étranger et voyagé tout en écrivant des nouvelles. En 2017, il publie son premier roman, « Les chiens de Détroit », en numérique aux Éditions de l’épée, en papier aux Éditions Calmann-Lévy. « Le douzième chapitre », son deuxième thriller, est paru en 2018. Il vit à Valensole dans les Alpes-de-Haute-Provence.